Situez la rue du Canton sur la carte de Cognac :
Selon les maigres informations familiales dont je dispose, Marc est né en 1896 (J’apprendrai plus tard qu’en réalité il est né le 27 décembre 1892). Il est le deuxième enfant d’Alphonse Puissant, né en 1866 et mort en 1958, et de Georgina Rodrigue, née en 1865 et morte en 1960. Il a une sœur aînée, Yvonne, née en 1890, un frère plus jeune, Fernand, né en 1898, et deux autres sœurs plus jeunes, Marie-Louise — ma grand-mère maternelle —, née en 1901, et Simone, née en 1905.
Son père Alphonse est ferblantier, c’est-à-dire qu’il fabrique des objets en fer-blanc, un acier recouvert d’une fine couche d’étain, mais aussi en cuivre, en zinc, tels que des ustensiles de cuisine, surtout des tuyaux et des couvertures de toit, etc. L’activité du Cognac est si importante que le métier de ferblantier, plus tard de plombier, est naturellement très lié à cette activité qui utilise beaucoup de tuyaux et de robinets. Après la disparition de Marc, c’est Fernand qui prendra la succession du père, place du Canton à Cognac, à l’ombre de l’église Saint-Léger, où il a ouvert à la fin des années 20 un atelier et une boutique de plomberie-zinguerie.
Ma grand-mère Marie-Louise avait donc 13 ans quand son frère Marc est mort à la guerre. Or, curieusement, elle n’en a jamais parlé à sa fille. Selon ma mère, personne dans la famille ne parlait de lui. On savait juste que son père avait pris contact avec ses camarades de régiment qui l’avaient vu sauter sur la mine. Il avait été impossible de rassembler ses restes pour lui offrir une sépulture. C’est tout. Son souvenir semblait s’être déchiqueté en mille morceaux en même temps que son corps. Étrange. Pourtant, avant de partir à la guerre, ce garçon avait bien eu une enfance, une adolescence, un début de vie active... Pourquoi était-il ainsi rayé du paysage familial ?