Paris, le 21 juin 1912
Cher frangin,
Je t’écris ces quelques mots aussitôt de déjeuner et je n’ai pas le temps d’en mettre bien long.
Quand tu recevras cette lettre, il y aura 2 jours que tu auras reçu la montre que je t’ai envoyée. Ceci est la récompense de ton certificat d’étude car j’ai été content de savoir que tu l’avais reçu.
Tu comprends, quand j’ai eu le mien, papa n’avait pas les moyens de payer des montres mais moi je t’en renvoie une de bon cœur et ce n’est pas une montre à 6 francs comme la mienne mais j’aime mieux me priver un peu et pouvoir te renvoyer quelque chose puisque je t’avais promis une veste.
Tu tâcheras de venir avec Camille [1] le 30 car il y a un train de plaisir pour 9 h 50 mais surtout écris-moi souvent.
Il faut pas que Simone et Marie-Louise [2] soient jalouses si tu as reçu cela. Dis-leur que si le 15 août j’ai des économies je leur apporterai quelque chose.
Tu embrasseras tout le monde pour moi et tu diras bonjour à Henriette [3] quand tu la verras ainsi qu’à Gabou(illisible), Laval et tous les copains à la cognaçaise.
Tant qu’à moi, je ne m’embête pas car maintenant je suis habitué. Je te raconterai ça si tu viens et tu verras que je te ferai promener.
Ton frère qui t’aime.
Marc.
Excuse-moi si ce n’est pas bien écrit car je n’ai pas le temps.
Notes
[1] Il s’agit très certainement de Camille Desmoulins, le mari de sa sœur aîné Yvonne, qui mourra lui-même à la guerre de 14-18.
[2] Ses deux jeunes sœurs.
[3] Elle est la première épouse de son frère Fernand.