Une descendante de Gaston-Dreyfus découvre par hasard une litho de son aïeul chez un antiquaire !
Grâce à mon site sur mon grand-oncle Puissant Marc un antiquaire fait des recherches sur un personnage d’une de ses lithographies, Gaston-Dreyfus ! Et voilà qu’une descendante du banquier entre par hasard dans sa boutique !…
Sarah Gaston-Dreyfus et son ami avec la litho représentant Gaston Gaston-Dreyfus.
Ce 25 août 2020, Jean-Marie Paoli, qui tient un magasin d’antiquités à Excideuil en Dordogne avec sa femme Claude Paoli m’envoie un message pour me raconter une histoire pour le moins extraordinaire, un de ces hasards dont la vie seule a le secret.
Il possède une lithographie du caricaturiste SEM, alias George Goursat, qui représente deux personnages dont le banquier Gaston-Dreyfus. Cherchant sur Internet des informations sur ce banquier, il découvre mon site www.puissantmarc.com où je détaille les recherches que j’ai effectuées pour comprendre qui était ce Gaston-Dreyfus que mon grand-oncle avait rencontré pendant son séjour à l’hôpital de Bordeaux en 1914 et à qui il avait écrit une lette et dédié un poème, avec l’espoir qu’il fasse connaître ses poèmes à Paris. La litho le représente avec en arrière-plan un autre banquier : le Baron Emmanuel Leonino.
Et voilà que le lundi 24 août il voit entrer dans sa boutique deux jeunes gens :
« Ces deux jeunes tombent en arrêt devant le cadre, raconte l’antiquaire, et la jeune-fille me montre aussitôt sa carte d’identité sur laquelle je vois ses deux premiers prénoms, puis... Gaston-Dreyfus. Hasard incroyable ! »
Il s’agit de Sarah Gaston-Dreyfus et de son ami ! Les deux jeunes gens reviennent le mercredi suivant acheter la lithographie et immortaliser cette rencontre improbable sur une photo… !
Marc Puissant est mort à la guerre en février 1916. Gaston-Dreyfus est mort lui en septembre 1915. Leur histoire commune n’aura donc duré que l’espace d’une visite dans un hôpital bordelais. Mais par-delà le temps, la voilà qui rebondit et c’est très émouvant d’en suivre les multiples péripéties. Multiples, car la famille Gaston-Dreyfus m’a envoyé de nombreux messages concernant leur aïeul et d’autres éléments venant compléter mes recherches, notamment le prénom de la fille du banquier présente à Bordeaux et dont parle Marc ! Qu’ils en soient ici de nouveau remerciés !
Voir ici le texte complet de mes recherches sur Gaston-Drefus : Qui est Gaston Dreyfus ?
Voir ici l’histoire de leur rencontre à Bordeaux Une visite importante
Voir ici une précision apportée par la famille Gaston-Dreyfus sur le séjour de Marc Puisssant à l’hôpital de Bordeaux : Une découverte sur le séjour de Marc à l’hôpital de Bordeaux
Voici la transcription des textes rédigés par M. Jean-Marie Paoli et figurant sur les lithographies :
Le personnage au second plan est le baron Emmanuel Leonino (1864-1936)
Ingénieur civil des Mines, banquier, investisseur et dirigeant de sociétés minières au début du XXè siècle. C’est un spécialiste de mines d’or. Il est fils du banquier Giuseppe Samuel Leonino et d’Amélie Oppenheimer, propriétaire d’une écurie de course et collectionneur d’œuvres d’art. Sa famille fit construire le château de Montvillargenne à Gouvieux près de Chantilly en 1911.
Le personnage en premier plan est M. Gaston Dreyfus
(Rien à voir avec « l’affaire » du capitaine Alfred Dreyfus qui divisa profondément et durablement la classe politique française depuis 1894).
Né le 20 mars 1854 à Paris, fils d’Israël Dreyfus et de Hana Athanaïs Waill, tous deux rentiers (rare pour l’époque). Il est « Président du syndicat des Banquiers en valeurs » (traduit de l’extrait nécrologique du New-York Times du 14 septembre 1915), et responsable du « Comité de direction de la Bourse de Paris ». C’est l’un des banquiers les plus réputés en Europe, Chevalier de la Légion d’Honneur entre autres. Autorisé à ajouter à son patronyme le prénom de Gestion par décret du 14 septembre 1895, il est propriétaire éleveur, fondateur du haras de Perray en Seine-et-Oise (qui s’appelait à l’époque « Ferme de la Mare »). Il a aussi contribué à l’amélioration de la race bovine, est membre de l’Automobile Club, président d’associations caritatives et président d’honneur de « La Fidélité », association mutualiste à Paris, etc.
Les deux personnages sont judicieusement « associés » dans cette caricature « gentille », comme toutes.
Ces renseignements, furent découverts grâce à la pugnacité d’un descendant de Marc Puissant (Voir à puissantmarc.com/Poemes la superbe enquête de son descendant) natif de Cognac. Il découvrit dans les papiers de son aïeul quelques poèmes(*) adressés à Gaston-Dreyfus au 13 rue Lafayette (siège actuel des Syndicats de la Presse). Marc Puissant fut tué à 23 ans en 1916, le 14 avril à 8h15 à Liouville dans la Meuse. (Il rencontra Gaston-Dreyfus par hasard, en convalescence à l’hôpital auxiliaire de Bordeaux, fin 1914, où la fille de Gaston-Dreyfus était infirmière).
(*) Les deux poèmes qu’il lui adressa sont « La Contentinière » et « Mes pensées à Cognac »
Ce long exposé pour un personnage incontournable en 1900, et dont il ne reste aucune trace apparente hors ces recherches qui offrent d’installer dans la lumière ces héros anonymes, massacrés pourquoi, à ce jour… !?
Par hasard nous apprîmes d’une cliente, descendante (par les femmes de la famille de l’un des meilleurs amis de « SEM » que son grand-oncle, Amédée de Lacrousille, qui naquit à La Chapelle-Montmoreau, au château de Lannet, dont il hérita, fut le grand compagnon de fêtes de SEM. De tradition familiale, « Ce fut un grand compère de « SEM3 avec lequel il participa à de fameuses soirées » (sous-entendu, les maisons closes, car la tolérance en ces temps-là existait pour de bon !. D’abord avocat (l’avocat de ces dames : Périgueux, juillet 1888), il fut ensuite bâtonnier de Périgueux. Détail étonnant (est-ce parce qu’il profita un peu trop de ces plaisirs ?), il n’eut pas de descendance, et ne souhaita pas transmettre son nom, bien qu’il fut le dernier de la lignée familiale !
Marie-Joseph George Goursat dit SEM - 1863-1934
Il naît à Périgueux et adopte ce pseudo en hommage à Amédée de No2 dit « CHAM » dont il admire l’œuvre. Après Bordeaux et Marseille, il devient « Parisien » à 37 ans, en 1900, pile pour l’ « Exposition Universelle », et est tout à la fois, caricaturiste, illustrateur, affichiste et écrivain autant que chroniqueur mondain ; il travaille pour « Le Gaulois », « Le Journal », « L’Illustration », « Le Figaro », etc. C’est un maître dans son domaine, il réinvente la caricature, et l’un de ses « marques de fabrique » passe par la création d’albums. De 1900 à 1914, 14 en sortiront des « carnets » de SEM. L’on peut y retrouver toutes les célébrités de l’époque. Ces « albums » sont en réalité constitués de lithographies originales tirées à très peu d’exemplaires (100 à 500 par album) présentées à l’intérieur de cartons dessin illustrés d’un rond gouaché aux initiales de SEM. Ils seront vendus par l’imprimeur. Chaque litho nomme au dos le personnage représenté, mais parfois, l’écriture rapide de l’auteur empêche la lecture ! Ces « cartons-albums » décrivent aussi bien les villes de Bordeaux et Marseille ou Périgueux que le monde des turfistes, de la mode, du grand-monde, de la guerre qu’il couvrit comme correspondant pour « Le Journal ». SEM contribua, comme d’autres, à la renommée de « Chez Maxim’s ». Il réalisa une trentaine d’albums d’un monde qui l’aura reconnu et adopté.
« L’album » dont est issue cette épreuve est noté « 3è tirage ». Il fait donc partie de la troisième série des « Albums parisiens » et couvre la période allant de juin 1901 à juin 1902. Ici, les turfistes.
N°2091/14 - Arthur Meyer (1844-1924).
Né au Havre et mort à Paris, patron de presse et écrivain. Il fut directeur du « Gaulois » en 1914 (Ce journal fut absorbé par « Le Figaro » en 1929. Il était petit-fils de rabbin, devint royaliste, antidreyfusard et catholique !? C’est grâce à lui que l’idée de caricaturer des personnalités de l’actualité en cire et grandeur réelle vit e jour avec pour conséquence la création du Musée par Alfred Grévin qui ouvrit ses portes le 5 juin 1882. SEM, justement, signera nombre de publicités pour son journal « Le Gaulois du dimanche » sur papier glacé. En 1886, il se battit en duel contre Édouard Drumont qui insulta ses origines dans « La France juive ».